- manoir
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manoirn. m. Demeure seigneuriale.— Petit château campagnard.⇒MANOIR, subst. masc.A. — 1. HIST. (Moy. Âge). Habitation non fortifiée d'un propriétaire de fief, noble ou non. Manoir abbatial, épiscopal; manoir gothique. Le cottage anglais est le diminutif du manoir anglais du Moyen Âge avec ses logis éparpillés suivant les convenances de l'habitant (VIOLLET-LE-DUC, Archit., 1872, p. 356):• 1. Le domestique fit un signe d'assentiment, car il avait, comme tous les anciens serviteurs attachés aux familles nobles, la religion du manoir seigneurial, et Sigognac, malgré ses lézardes, ses dégradations et ses misères, lui paraissait encore un des plus beaux châteaux du monde.GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 50.2. P. ext. Importante demeure ancienne de caractère, le plus souvent située à la campagne. Synon. maison des champs. Çà et là, en allant dans les champs, vous rencontrez, derrière un mur de pierres grises, quelque ferme silencieuse, manoir abandonné, où les maîtres ne viennent pas (FLAUB., Champs et grèves, 1848, p. 356):• 2. À moins d'un quart de lieue du village, composé alors presque uniquement de l'église, de la mairie et du presbytère, s'élevait le manoir de Kermelle. C'était un manoir comme tant d'autres, une ferme soignée, d'apparence ancienne, entourée d'un long et haut mur, de belle teinte grise.RENAN, Souv. enf., 1883, p. 25.B. — Poét. ou littér. Demeure, séjour. Leur antre [des lions] est un si morne et si puissant manoir, Qu'il est décidément presque impie et peu sage, Quand il leur plaît d'errer, d'être sur leur passage (HUGO, Art d'être gd-père, 1877, p. 213). C'est le lac! Ils se rappelèrent alors ce que la duchesse leur avait dit de ces eaux (...) où les Ondines avaient leur manoir (A. FRANCE, Balth., Abeille, 1889, p. 175).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1155 «demeure, habitation» maneir (WACE, Brut, 6902 ds T.-L.); au XVIIe s. vieilli et poét. 1632 (ROTROU, Herc. mour., IV, 2 ds LITTRÉ); 1688 (RICH.: Mot burlesque pour dire maison, logis, lieu où l'on demeure); 2. 1160-74 «propriété, domaine» maneir (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, III, 2165, t. I, p. 241); 3. 1811 «logis d'importance, petit château» (JOUY, Hermite, t. 1, p. 48). Inf. subst. de l'a. fr. manoir «demeurer, habiter» (ca 880, Eulalie, 9 ds T.-L.), du lat. manere «demeurer un certain temps» d'où «habiter» en b. latin. Fréq. abs. littér.:445. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 632, b) 1476; XXe s.: a) 459, b) 285.
manoir [manwaʀ] n. m.ÉTYM. V. 1175; maneir, v. 1155; inf. substantivé de l'anc. verbe maneir, manoir, du lat. manere « demeurer ».❖1 Vx (archaïsme médiéval) et poét. Séjour, demeure.♦ ☑ Loc. || « Le sombre, le triste manoir » (Académie, 1694) : les Enfers.2 Mod. Logis seigneurial, petit château ancien, situé d'ordinaire à la campagne. ⇒ Gentilhommière. || Manoir féodal. || Manoir délabré (cit. 4, → Hobereau, cit. 5) d'un gentilhomme campagnard.1 Enfin, au bout de la clairière,Je découvre du vieux manoirLes tourelles en poivrièreEt les hauts toits en éteignoir.Th. Gautier, Émaux et camées, « Château du souvenir ».2 Elle aurait voulu vivre dans quelque vieux manoir, comme ces châtelaines au long corsage qui, sous le trèfle des ogives, passaient leurs jours, le coude sur la pierre et le menton dans la main, à regarder venir du fond de la campagne un cavalier à plume blanche qui galope sur un cheval noir.Flaubert, Mme Bovary, I, VI.3 C'était un manoir comme tant d'autres, une ferme soignée, d'apparence ancienne, entourée d'un long et haut mur, de belle teinte grise.Renan, Souvenirs d'enfance…, Œ. compl., t. II, I, III, p. 736.3 Poét. Demeure. || Le manoir liquide : la mer (→ La Fontaine, Fables, XI, 3). ☑ Le manoir ténébreux, de Pluton… : l'enfer.
Encyclopédie Universelle. 2012.